Le clicker...kézako?




Mais qu'est-ce que c'est donc que cet engin?

Une petite boîte en plastique, avec une languette métallique dedans, qui comme son nom l'indique fait un "cliquement" quand on appuie dessus. Simple non? Mais à quoi ça peut bien servir?

Développée dans la seconde moitié du vingtième siècle, le clicker-training (entraînement au clicker) a d'abord été utilisé chez d'autres espèces animales, pigeons, mammifères aquatiques, chevaux, avant de faire son apparition dans les années 1980 dans le monde canin.

Le principe du clicker-training se fonde sur deux théories comportementales majeures :
  • Le conditionnement répondant, théorie célèbre formulée initialement par Ivan Pavlov lors de ses recherches à la fin du XIXème siècle autour du constat de réactions involontaires (salivation) en réponse à un stimulus sonore (clochette), habituellement associé à une récompense (nourriture),
  • Et le conditionnement opérant, développé par Thorndicke et Skinner, consistant à façonner un comportement en y apportant diverses réactions, une réponse positive pour un comportement souhaité, une réponse aversive pour un comportement indésirable.
Concrètement, le clicker utilisé dans l'éducation canine vous servira à marquer l'instant précis où votre chien vous offre un comportement attendu, à lui signifier que ce geste-là, c'est ce que vous lui demandez.

Le clicker-starting

Vous vous êtes procuré le matériel indispensable pour démarrer votre entraînement au clicker? Parfait.

Vous avez donc en main au moins le petit boîtier magique et un petit stock de récompenses (croquettes, biscuits, friandises naturelles, morceaux de fromage, de jambon, de knackis). C'est parti.

Première étape, on "charge le clicker". Oui, comme un fusil.
Derrière ce terme à la sémantique un peu barbare se cache le stade le plus facile du clicker-training : faire comprendre à votre chien que ce petit bruit inhabituel et unique signifie qu'il aura une friandise.

Donc on prend son clicker dans la main gauche, une friandise dans la main droite que l'on fait d'abord sentir au chien. Puis on clicke et on donne immédiatement son gâteau à Médor, qui sera sûrement un peu déconcerté par ce claquement métallique au premier abord.

On répète le click/récompense une bonne vingtaine de fois, on caresse, et on retourne à ses occupations.

Un peu plus tard dans la journée, on recommence, click/récompense multiples et à la suite, et ainsi de suite par de petites sessions répétées, aléatoirement sur une période de 48 heures.

Ensuite, et hors de la vue du chien, on prend le clicker et une friandise unique, et on clicke.
Si votre chien se précipite vers vous, des étoiles dans les yeux et un filet de bave aux lèvres, bravo!
Ca y est, le clicker est "chargé". Votre chien a compris que ce petit bruit si particulier signifiait qu'il allait être récompensé.

Si ce test n'est au contraire pas concluant, vous êtes bon pour continuer sur des sessions de click/récompense avant de passer à l'étape suivante. Courage, ça ne devrait pas être trop long!


Les méthodes

Votre clicker est chargé? Parfait, vous allez pouvoir passer à l'étape suivante, savoir utiliser le clicker en tant qu'outil d'éducation de votre chien selon une des trois méthodes empiriques.

Le plus "facile", puisqu'applicable aux ordres de base, c'est la technique du leurre.
On utilise une friandise pour leurrer le chien dans une position (assis) ou dans un geste (marche aux pieds) que l'on cherche à obtenir.
Par exemple, pour le "assis", on tient une friandise devant le nez du chien et on la lève progressivement. Par réflexe, le chien va baisser son bassin pour suivre la friandise, au moment où ses fesses touchent le sol, click + récompense.
Progressivement, on introduira l'ordre (vocal et/ou visuel), d'abord sur l'exécution du geste leurré, puis en amont avant le leurre et enfin spontanément, en dehors de tout geste de leurrage en capturing (voir ci-dessous).

La seconde technique, en complément du leurrage, est appelée le capturing.
Il s'agit là d'amener le chien à exécuter un geste qu'il connaît par lui-même.
On va faire exécuter le geste en le leurrant, puis le demander et clicker + récompenser au moment où il est correctement exécuté.
En quelque sorte un renforcement des acquis.

Enfin, le shaping (ou façonnage) consiste à laisser libre cours à l'imagination de votre chien. De lui laisser prendre toutes les initiatives et de fixer les comportements souhaitables à l'aide du click + récompense.
Cette technique est particulièrement efficace pour fixer et redemander les attitudes naturelles de votre chien, comme par exemple un aboiement.

Les clés pour un clicker-training réussi

N'oubliez jamais que le clicker n'est qu'un instrument de votre apprentissage, et en tant que tel doit être progressivement retiré sur chaque geste appris.
A chaque nouvel ordre, vous allez clicker systématiquement au début, puis de plus en plus aléatoirement, pour au final ne récompenser que rarement l'exécution de l'exercice.

Aussi, et si dans l'enchaînement vous clickez trop tôt ou même à tort, il faut systématiquement récompenser quand même, pour ne pas "casser" le système.

N'allez pas plus vite que la musique! N'attendez pas une roulade parfaite d'un chiot qui commence à peine à s'asseoir sur demande.

Ne finissez jamais un entraînement sur un échec, quitte à repasser par un ordre très simple ou à refaire un peu de leurrage.
Pensez aussi, comme en toute utilisation de friandises, à hiérarchiser les récompenses en fonction de la difficulté de l'exercice. Une croquette ou un biscuit sec n'aura pas la même valeur qu'un délicieux morceau de viande séchée!

Click-clac, on a testé!

Au début assez sceptique sur l'intérêt de ce dernier gadget à la mode, on a quand même testé, et adopté le clicker, à utiliser toutefois avec modération!

On aime :
  • La rapidité avec laquelle les exercices sont intégrés à l'aide du clicker.
  • L'enthousiasme et la prise d'initiatives du toutou avec ce type de travail, plus encore qu'avec un simple système de récompense sans accessoires.
On aime un peu moins :
  • L'organisation nécessaire pour les entraînements, sac à friandises plein à ras bord, clicker, voire même target-stick (bâton que le chien doit toucher), on en a vite plein les mains.
  • La phase de déconditionnement, à manier avec précaution pour ne pas blaser votre chien.
On n'aime pas du tout :
  • Le regard (et les remarques) des non-initiés. Oui, si vous clickez en public, attendez-vous à quelques observations pas toujours agréables.
  • L'impossibilité de travailler avec deux chiens conditionnés au clicker en même temps. Si vous clickez pour l'un, vous devez forcément récompenser les deux.



Crédit image : Lili, la très talentueux maîtresse de Boogie le Boston Terrier, à suivre sur son blog anglophone.

Commentaires

  1. Bonjour,
    Et que pensez-vous de remplacer le clicker par un bruit émis par vos soins, assez improbable pour que vous ne le fassiez que pour marquer un comportement, comme au clicker ?
    Nous faisons ça à la maison, et ça fonctionne bien !

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    Réponses
    1. Effectivement, l'idée du clicker c'est de marquer un bon comportement par un bruit unique en son genre, pas comme la félicitation à la voix qui peut varier suivant l'humeur (ou un bon gros rhume). On peut donc tout à fait le remplacer par un autre bruit.

      Cependant, pour plus d'efficacité il faut être s'assurer que ce "click fait maison" soit le plus constant possible. Le claquement de langue, par exemple, peut varier d'un membre de la famille à l'autre, mais l'avantage est qu'il libère les mains!

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